Mener une vie chrétienne et vivre des sacrements : C’est possible à tout âge !
Le cheminement catéchuménal permet un apprentissage progressif de la vie chrétienne : faire l’expérience de l’amour de Dieu qui nous sauve et réclame notre amour. Dans ce cheminement, il y a d’abord une initiative de Dieu puis une réponse de l’homme. Et les rites qui y sont vécus se font l’écho du processus de croissance qui est en train de se réaliser.
Ce chemin peut être caractérisé par trois points :
Le premier point est la rencontre du Christ de manière personnelle et communautaire (et la liturgie est particulièrement importante dans cette dimension communautaire).
Ensuite, deuxième point, il s’agit d’entrer dans un chemin de croissance qui est aussi un chemin de conversion et ce chemin de conversion, c’est aussi le chemin de toute la vie chrétienne. Il faut l’envisager comme un chemin de joie.
Troisième point, ce chemin est progressif, il est respectueux de la personne, de ses rythmes et il est jalonné par des étapes, par des rites ; sur ce chemin, il y a quatre temps et trois étapes. On voit que le premier temps de l’évangélisation n’est pas précédé par une étape.
On va parcourir ensemble chacun de ces quatre temps, en voyant, chaque fois, l’étape qui le jalonne.
Le cheminement du catéchuménat.
1er temps : temps de la première évangélisation ou du pré-catéchuménat
Je le définirai comme une première annonce de la foi chrétienne et j’insisterai sur trois points, trois verbes qui qualifient l’attitude de l’accompagnateur :
- Accueillir, c’est-à-dire accueillir la personne telle qu’elle est, là où elle en est, avec sa demande. Il s’agit là de prendre le temps de la connaître, d’écouter sa vie. Je vous renvoie ici à la Joie de l’Évangile : avant d’annoncer la Bonne Nouvelle, il faut prendre le temps de rencontrer et d’écouter les personnes.
- Ensuite, il s’agit de discerner quelle est sa demande. S’agit-il d’un désir d’entrer dans un chemin de conversion qui touche toutes les dimensions de la personne (vie sociale, familiale, études…) ?
- Enfin, il s’agit d’aider la personne à mûrir librement et en conscience, une première décision, celle d’entrer en catéchuménat.
Si on prend le RICA, il est intéressant de noter que vous avez des notes pastorales mais pas de rite proposé pour ce temps. Il est important de relever la progressivité dans les rites. Ce silence est important. Il est proposé une célébration d’accueil mais elle est facultative. Il n’y a pas de rite particulier mais il y a des propositions qui sont faites d’utiliser des bénédictions. Il s’agit de mettre en lumière l’intention droite mais pas encore la foi. Dans le catéchuménat, il y a un chemin de croissance dans la foi et de découverte de la foi. Il faut donc bien distinguer une célébration d’accueil de la célébration d’entrée en catéchuménat. On entre progressivement dans une pédagogie des rites, une pédagogie d’initiation.
2ème temps : le temps du catéchuménat
Long temps d’apprentissage de la vie chrétienne qui se fait en s’appuyant sur les quatre piliers du catéchuménat :
- Enseigner le contenu de la foi chrétienne dans une catéchèse kérygmatique, c’est-à-dire centrée sur le mystère pascal.
2. Encourager un agir chrétien. La conversion touche toutes les dimensions de la personne ; elle est aussi marquée par des temps de combat spirituel qui purifie le désir et fait grandir ; on va voir que les rites vont faire écho à cette question du combat spirituel ; la question de l’agir renvoie aussi à la question de la cohérence de vie.
3. Faire entrer dans une vie de prière.
4. Faire découvrir, impliquer les catéchumènes de manière graduelle dans la communauté ecclésiale (voir la Constitution sur liturgie de Vatican II : par le témoignage de leur vie et l’attestation de leur chemin de foi).
On rentre dans ce temps par la première étape, la célébration de l’entrée en catéchuménat : première manifestation d’un début de foi au Christ sauveur (voir notes pastorales du RICA) ; il y a une expression publique du désir de devenir membre de l’Église et un accueil de cette demande par la communauté chrétienne. On voit de quelle manière cela fait déjà écho aux piliers du catéchuménat par la question du contenu de la foi, de l’insertion dans la communauté chrétienne et de l’entrée dans la vie de prière par la liturgie. On va les retrouver par les célébrations de la parole. Les célébrations de la Parole sont un lieu d’apprentissage de la prière (en particulier de la prière liturgique) et un lieu de rencontre du Christ dans la parole de Dieu, un lieu aussi de découverte du sens des signes et des symboles. J’insiste aussi sur l’articulation entre célébration de la parole et catéchèse, c’est un véritable lieu de catéchèse.
Dernier aspect de ce temps : les autres rites proposés, bénédictions, exorcismes et onctions d’huile viennent nous dire que Dieu est à nos côtés sur ce chemin de conversion ; Il nous bénit à travers les bénédictions, Il nous délivre du mal à travers les exorcismes et Il nous fortifie par les onctions d’huile. Il est important de donner sens à ces rites qui viennent nous accompagner sur notre chemin.
3ème temps : le temps de la purification et de l’illumination
Dans ce temps, qui va coïncider avec le temps du carême, il s’agit d’une préparation plus intense. Le Rituel va même parler de retraite spirituelle, une retraite spirituelle de 40 jours que l’on vit avec la communauté chrétienne. Cette retraite a deux aspects particuliers : d’abord, susciter le désir d’être purifié. Il s’agit de susciter le désir d’être purifié du péché par le baptême. Comment cela se réalise-t-il ? Le Rituel note un élément important : il va parler d’une meilleure et sincère connaissance de ce que l’on est devant Dieu. Il s’agit d’apprendre à être en vérité devant Dieu, avec ses forces et ses faiblesses, ses moments de grâce et ses péchés, et de demander la grâce de Dieu. Deuxième aspect : faire croître le désir d’être illuminé. Il s’agit de faire croître le désir d’être illuminé par le baptême, c’est-à-dire de recevoir la lumière de la foi.
Une deuxième étape va l’introduire : la célébration de l’appel décisif et de l’inscription du nom. Le premier rite va être l’appel décisif de l’évêque. Il est important de noter que c’est l’évêque qui est responsable de l’appel décisif. La mise en œuvre répond aux recommandations de l’évêque. Un autre élément important : le rôle des parrains et marraines apparaît à ce moment-là. Ils témoignent du chemin de conversion parcouru par le catéchumène. Enfin, quel est le sens de l’inscription du nom ? Elle atteste d’une volonté explicite de recevoir les sacrements de l’Église.
D’autres rites ponctuent le temps de la purification : les scrutins, la tradition du Symbole de la foi et du Notre Père, que le Rituel dénomme les trésors de l’Église. Il est intéressant de voir que le Rituel va insister sur le lien entre les scrutins et la purification et entre la tradition et l’illumination. Les scrutins sont faits pour purifier les cœurs et les intelligences, fortifier contre les tentations, convertir les intentions. Il y a une purification, une fortification. On avait déjà entendu parler de fortification à propose des onctions d’huile. Et il y a une conversion des intentions. L’idée, c’est de convertir son désir de baptême, de le purifier. À propos de la tradition du Symbole de la foi et du Notre Père, il est intéressant de noter que, pour le Rituel, ils visent à l’illumination des futurs baptisés, à approfondir leur découverte de la foi.
4ème temps : le temps de la mystagogie
Il s’agit de poursuivre la route avec le Christ ressuscité, poursuite d’un chemin initié depuis le temps de la pré-évangélisation. Les notes pastorales et le Rituel mettent l’accent sur deux points : l’entrée dans l’intelligence du mystère vécu à Pâques (on voit apparaître ici la mystagogie) et l’insertion progressive, comme baptisé, dans la vie ecclésiale. On est appelé à être vigilants sur trois points : l’accueil chaleureux, le respect de la progressivité et de la liberté (de nombreux néophytes attestent qu’ils ont besoin parfois d’un temps après le baptême pour mûrir avant de s’engager ; ils faut les accompagner selon leur rythme ; pour eux, c’est une vraie découverte, même s’ils ont déjà vécu des célébrations de la parole) et l’aide au discernement de l’engagement, qui peut être social, caritatif, et plus largement de la vocation.
Ce temps s’inaugure avec la troisième étape : la célébration des sacrements de l’initiation chrétienne. J’ai insisté sur le sens du rite de l’eau, le passage par la mort et la résurrection du Christ. C’est vraiment le cœur de notre catéchèse kérygmatique : je meurs au péché et ressuscite à la vie éternelle. Et aussi sur l’invocation de la Trinité qui a été proclamée par le baptisé dans le Symbole de la foi : je deviens fils adoptif du Père, membre du corps du Christ et temple de l’Esprit saint.
Le Rituel insiste sur un certain nombre de moments. Le premier qui est proposé, c’est le dimanche de Pâques pour les néophytes. Là on voit l’importance de l’entrée dans l’intelligence du mystère pascal, vécu, en particulier, par l’écoute des lectures et la célébration de l’eucharistie. C’est aussi un moment de rencontre avec la communauté paroissiale. Deux autres moments sont proposés qui débordent le temps de la mystagogie, qui est identifié au temps pascal, et qui sont généralement situés dans l’année qui suit le baptême (qu’il est très important d’accompagner).
La première proposition est la rencontre avec l’évêque, pasteur de la communauté à laquelle appartient le nouveau baptisé, autour de l’eucharistie. Vivre le mystère pascal avec l’évêque.
La deuxième est la célébration du premier anniversaire du baptême. J’ai noté un certain nombre de propositions en diocèse qui sont faites aux nouveaux baptisés : invitation à participer à la vigile pascale, à la messe chrismale, invitation à être présent aux scrutins avec ceux qui vont être baptisés à Pâques pour partager cette expérience et accompagner ceux qui sont en chemin. Il est important de noter que le chemin se poursuit.
Une intervention d’Agnès Desmazières, lors de la session Initiation chrétienne des adolescents : propositions pastorales, en mai 2018.